ExtraitAutonomiser, inclure, former, (en)capaciter, simplifier, etc. Depuis plusieurs années désormais, ces différents verbes et les multiples acceptions qu’ils possèdent portent les valeurs et les attentes de ce que le sociologue Dominique Cardon nomme culture numérique. Pourtant, derrière ces termes, se cachent trop souvent leurs malheureux corollaires que sont notamment l’exclusion numérique, l’abandonnisme, la perte d’estime de soi face aux outils informatiques, problématiques que l’on regroupe parfois sous le terme d’illectronisme.
Suite à une dématérialisation accélérée des démarches administratives, nous constatons aujourd’hui une mobilisation nationale sans précédent et de nombreux travaux de recherche sur le sujet de l’inclusion numérique. Au sein de ce cahier, nous souhaitons partager une réflexion en cours sur certains points aveugles de cette supposée inclusion. Notre démarche s’intéresse tout particulièrement à la place du dialogue dans la relation entre habitant·es et administration mise en jeu par la dématérialisation des services publics.
Ce faisant, nous souhaitons partager aux lecteur·rices de ce cahier trois types de « matériaux » issus du travail d’enquête que nous avons menés en designer et sociologue :
- des intuitions, des savoirs non stabilisés et des pistes d’explorations qui nous sont apparus pendant l’enquête ;
- des éléments relatifs au déroulement de cette recherche-projet en design : ses étapes, les façons dont les terrains et leurs données empiriques ont déplacé nos cadres de recherches et nous ont amené à expérimenter une forme d’enquête particulière ;
- une contribution aux travaux et réflexions aujourd’hui en cours sur les nombreux aspects que peut revêtir un numérique éthique, ouvert et inclusif que l’on peut également nommer numérique « d’intérêt général ».
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